L'autobus

Je suis debout dans l'autobus. Une jeune-femme est assise, elle se ronge les ongles. A ses pieds, il y a un sac de voyage pas trés grand. A l'arrêt suivant, quelques personnes montent; une dame plutôt âgée demande alors si elle peut s'asseoir sur le siège à ses côtés. Non dit-elle, j'ai mon sac (elle montre son sac) et se renfrogne. Presque toutes les personnes qui montent ensuite demandent de s'asseoir (c'est la seule place vacante). La réponse est la même, puis plus de réponse du tout. La jeune-femme reçoit un appel sur son téléphone mobile. Elle parle d'une voie claire, plutôt intelligente je trouve, même si la conversation ne l'est pas. Un jeune demande de s'asseoir. Même refus. Il fait quelques commentaires moqueurs, un peu plus loin. Les gens maintenant parlent de l'attitude de cette jeune-femme; sauf moi qui écoute et elle qui se ronge les ongles. Il ne restera rien de ce moment, du malaise et des regards des uns et des autres, de ce "quelque chose" de diffus qui ressemble à de la bêtise, à du mépris, au néant, à l'ignorance, à la guerre. Qui est peut-être aussi la conséquence de l'abandon et de sa mise en scène, dans ce décor ambulant où souvent la vraie vie se trame.