Alain Gestin: Attention peinture fraîche.

16 avril 2006

Chaque fois que je travaille sur un mur, je pense à Alain Gestin et nos chantiers dans Paname, à la belle époque (avant la victoire de l'équipe de france de football). Nous étions presque tout le temps en train de rire, dans ces appartements de gens aisés que nous refaisions de fond en comble, et j'ai appris grâce à lui beaucoup de petites "choses" sur le mur. Il y a toujours un moment de panique sur un chantier, entre le séchage et la prise, entre la première couche et les raccords, quand une vitre casse et tombe dans la rue, parfois aussi quand une échelle s'évapore sous le poids de celui qui grimpe, un pinceau entre les dents et deux seaux de peinture au bout de chaque bras. Gestin me surnommait manolito et moi je lui envoyais du "patrone" en forçant sur la dernière syllabe. Nous mangions dans la rue, assis sur une fontaine où n'importe et il me payait au bistrot le café et des petits cigares. C'était vers Saint Sulpice, vers d'Aboukir, à Montorgueuil et dans chacun de ces endroits nous avons laissés des petites peintures au pochoir, quelques unes aussi en trompe l'oeil, du voile de verre, des litres de vide et de rengaine, de la couleur et l'inutile qui sied à la décoration.