les mendiants de la nuit (4)
Le temps mesuré et la profondeur des crevasses explorées depuis l'enfance conduit toujours à la désobéissance. Dans la nuit noire au bord du fleuve, il n'y a souvent que les yeux qui luisent et la bave aux lèvres pour recevoir le reflet de la clarté des astres. Comme inanimé, l'alcoolique regagne son havre, le ventre plein d'un liquide qui stagne dans ses flancs putrides. Des idées confuses glissent sous la peau de son crâne enfoncé. Sous les néons blafards des abribus, les putes postées sur une jambe, aux allures de flamants, regardent couler les dernières automobiles en maraude. Dans le lointain, la brume s'approche de la cité. C'est l'heure du loup et du brame; l'instant précis lorsque la ville bouge dans son lit aux premières odeurs du matin, et le temps pour celui qui n'a pas dormi, d'aller s'asseoir dans sa cuisine devant un bol de café, comme si il venait de se réveiller.