Trou bleu sur l'Atlantique

L'océan dans lequel tu es tombé a la peau d'une sirène. Croire aux anges, écrire au roi Triton, poser ses lèvres dans le sel. Un trou bleu grand comme une tête d'épingle qui crève l'écume nuageuse, et s'étire comme une chatte fatiguée par une nuit de chasse au merle des îles. Tu mêles ton spleen au crachin, ton histoire au vent des mers du sud, le rien des instants au fou rire prisonnier de la gorge et tu happes ce temps comme le refrain d'une belle chanson populaire. Tu as peur, tu saignes, ta garde est levée, le frein ne donne pas de réponse dans les virages. Tu te hâtes pour que l'embarcation file à l'eau, se transforme en un de ces esquifs qui veulent aller au bout du Monde. Pêcheur au fond des abysses, chanteur à la voix de soie, prince charmant sans dentelles, ni autre note de musique qu'un chant de vers à soi. Le vent sur la dune emporte tes cheveux d'argent, l'humidité du sable dessine avec des grains de lumière le labyrinthe du plaisir sur l'envie de passage. Tu vas lire dans les rais de soleil la bonne aventure et t'endormir plus tard au bout de la nuit, dans un paradis de minutes volées.