A la source: ranger, rêver, garder, jeter..

"lefre and me" feutre et stylo bille sur papier 1974

Ranger pour moi c'est un peu comme les mathématiques. Je n'ai pas eu l'apprentissage nécessaire et aujourd'hui je range d'une certaine façon comme je suis à l'aise avec le calcul mental et pas avec les équations. Ranger n'existe pas exactement. Organiser peut-être mais sans ordonner. Je retrouve cette notion avec l'histoire de l'agenda. J'en possède un pour me conformer lors de certains rendez-vous et poser quelque chose sur la table comme on allume une cigarette parfois sans avoir envie de fumer.. pour le reste je fais semblant, je note des renseignements que je ne vais pas relire et je ne suis jamais sur la bonne page. En général, tout s'inscrit dans ma tête: les heures, les jours, la chronologie, le plan, l'endroit, les choses à apporter. Je mémorise les lettres comme certains mémorisent les chiffres. Et je suis toujours à l'heure..  trop à l'heure me disait Jérôme R quand il m'invitait déjeuner à Paris à la sortie de son Ministère (je crois d'ailleurs ne jamais avoir raté un rendez-vous dans ma vie, excepté de mauvaise foi...) Ranger c'est pareil.. je fais des tas et je sais à peu prés où tout se trouve. Certains jours je prends des tas et je range. Je fais le choix entre garder et jeter. Si je garde, j'enfouis presque à jamais. Entre les deux opérations je rêve devant chaque document. J'ai rangé un peu ces derniers temps, assez profond pour exhumer ! un très vieux et très petit dessin. Un de ceux qui ont fait mes premières peintures. Lefre c'était mon grand copain. L'ami d'enfance. Nous avions inventé notre langage, une histoire simple et nous parlions en peme (le langage du PMU): Je telede que cave ete tuvabe moi cave ouonve enve alle onseque (je te le dis que ça va et toi ça va ou on va en ville allez on se casse... ) Ça m'a fait drôle de tomber là dessus, surtout que quelques heures avant j'ai reçu un sms d'une femme avec qui j'étais si copain quand nous étions à Perpignan et que je n'ai pas revu depuis vingt cinq ans. Retrouver, rêver, garder, jeter. Les souvenirs n'existent.

Comments

[hédoérité]

La première est la loi de la « sincérité ». On est tenu de ne dire que ce qu’on croit vrai et même que ce qu’on a des raisons suffisantes de tenir pour tel. Autrement on s’expose à l’accusation de parler à la légère. Sans cette convention, aucune espèce de communication, même le mensonge, ne serait possible, puisque l’auditeur n’accorderait a priori aucune confiance au locuteur. Apparemment, elle va de soi. Mais elle ne vaut que dans la mesure où le langage a fonction descriptive. Lorsque la fonction est autre, par exemple dans un roman, où les descriptions sont par convention illusoires, elle est sans objet.
hédosurre de rien