Journal de Mars (4): Buraglio-Garcia-Brouillon: cadavres d'esquisses & cas graves d'exquis
claude buraglio, jo brouillon, franck garcia (fragments) photographies et agencement de l'image cm 2008 droits réservés)
Langon pour moi n'existe pas. Je me vois avec Patrick Roy et Pierre Mainard nous photographiant devant la librairie, il y a déjà si longtemps. Je ne pense jamais revenir à des endroits où je n'ai rencontré personne et ici l'institutrice est partie. Elle aurait certainement pu être rencontrée vraiment, car elle était chouette mais elle est partie et Langon est comme une rue dans les westerns spaghettis; elle ne m'aimante pas. Autant dire que la proposition de Franck, Claude et Joël sonnait un premier mai les cloches de mon muguet allergique. Le pique-nique dans la tradition des bords de fleuve avec des tas de denrées posées sur des plaids et des torchons fût une réussite. Déjeuner sur l'herbe, un plaisir rare a emporter avec les parfums des premières chaleurs intimes comme externes. Un teckel qui me fit me souvenir de la foune jusqu'aux larmes; le mien gardé si longtemps dans les plis de l'adolescence furibonde. Il y avait les uns et les autres; Vincent, François, Carine, Estelle, Emilia. Côté jardin: un beau soleil et des trous bleus dans un ciel strié de fumée crachée par les avions de ligne. Côté art: Franck Garcia tient ses promesses tues. Le seul peintre au monde a ne pas être orthographié correctement dans les médias traditionnels présentent des oeuvres qui dégoulinent le strict minimum/essentiel de la classe. Un fantôme qui aurait compris tôt, que dessiner ne sert pas à grand chose et ne se conjugue pas avec savoir-faire. Des paysages de bras, de mains, d'oiseaux morts, de faciès verdâtres et sanguinolents en rupture avec la présence. Spectacle pour asticots le ventre vide et la soif de prendre en peinture des vapeurs de térébenthine comme on trempe son nez dans un ballon de rouge oxygène. Claude Buraglio possède un coup de crayon comme on se plaît à dire; elle couche sur le papier, la banane et le chapeau dans le même panier. Peau de marbre, couvre chef, galurin, pelure, et de grands tirages que le plexiglass porte en noblesse. C'est aussi un beau travail dans des gris séduisants quand la dextérité fait place au cri que l'on peut pousser dans les hautes herbes. Jo Brouillon n'est plus à présenter. C'est une plaie de zan et un sourire réglisse à la fois. JoB doit savoir que JOB avec un losange à la place du O sont en fait les initiales de Jean Bardou créateur d'un papier à cigarettes réputé. Le losange dans lequel se trouvait initialement les bandes sang sur fond or du drapeau catalan se transformèrent progressivement en O. Et dans l'esprit des gens, jusqu'à donner JOB (le fameux papier à consommer avec modération, fumer tue, femmes enceintes attention ! prostate et maladies cardio-jeunes s'abstenir etc..) JoBrouillon donne l'impression de recycler en permanence, tant sa production est importante comme ses jeunes mots d'humour sortis de sa barrique à idées. Il brille de ses feux, en virtuose propage le son de l'idée loin devant lui comme un ballon sur la moquette, pour le régal des yeux et le feel des oreilles. Les trois se sont réunis/confrontés sur une longue série de grandes toiles libres, pour ce jeu O combien pas évident du cadavre exquis et ont trouvé leur filon. Trésors dans les Carmes. Le mystère Buraglien flirtant avec les belles peaux Garciesque sur fond d'intrigue et de slogans Brouillonaire.. Voici un pari osé et tenu qui nous dirige directement vers nos encyclopédies pour réviser Dada et d'autres, pour fouetter le cheval de sa mémoire et boire jusqu'à la lie, la crème et l'idée qu'en peinture aussi, en ce beau mois de mai... l'union fait la force et l'oignon la farce d'une belle quiche à savourer les fesses dans l'herbe.
Thanks à vous 3.
L'exposition se poursuit aux Carmes à Langon, salle Georges Sand jusqu'au 17 Mai (voir liens JoBrouillon, Franck Garcia sur ce Blog)