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Christophe Massé Informations
10 novembre 2008

Atelier béton (1)

lidl_002 Longtemps tes plis sont la contrainte sous ton front. Tu glisses dans le lointain sur la glace brisée. Je ne vois aucun souvenir saillant. Peut-être juste la respiration du manoeuvre entre ta nuque et sa bouche. Tu pars encore vers cette formidable vie dans laquelle les hommes se battent. Deux, encore ce matin sur le parking du Simply, deux autres dans une flaque de sang un peu plus loin. Je ne cherche rien, je vois des hommes tuméfiés. Je ne cherche rien, je vois la misère se dissoudre sous les plinthes et dans les interstices. Dans le béton des rues, l'empreinte du plus rien. Aujourd'hui un immense mal perle, suinte, dans des villes qui paraissaient être à l'abri de la misère visuelle, cités prises sous le joug du bien politique. L'atelier béton est un gigantesque anneau maintenant, un truc qui s'effrite immédiatement et se fissure, duquel des tiges végétales mutantes semblent naître pour se réapproprier le tout, envahir au moment opportun, là, quand les derniers hommes auront largué les amarres pour changer de planète. Un parking pour ranger 150 bagnoles coûte des millions d'euros. Grand, haut, large, vaniteux, posé là où des arbres auraient pu faire encore de l'ombre aux véhicules. Là où un gardien aurait pu filer des tickets et vendre aussi des merguez cuites sur un barbecue de fortune. Structure posée là pour presque une éternité; éclairée jour et nuit par des centaines de néons. Un tiroir fantomatique pour automobiles qui va devenir une vaste vespasienne avant d'avoir glorifié ces bâtisseurs et son architecte; dans le même temps du paradoxe, alors qu'un peu plus loin des dizaines d'hommes rampent pour trouver leur place d'hommes là où il n'y en a plus aucune.      

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