Journal de Mars (31): Faire ce que l'on dit et dire ce que l'on fait
Les lézards pensent-ils ?
Je fais rarement tout ce que je dis. Et je dis tout ce que je pense faire (deux règles à mon avis, qui vont à l'encontre du système capitaliste). Je laisse toujours sur le côté; principalement les "choses" que je dois faire pour moi vraiment (me soigner par exemple) et pas mal de celles qui m'échappent ou simplement qui en quelques minutes, heures ou jours ont évolué pour d'autres, que je fais plus rapidement et il me semble mieux et avec ma propre idée du bonheur. Chaque jour je passe un certain temps à écouter (celles/ceux qui veulent parler) à répondre, à proposer, parfois à aider. Je me sens à ma place dans ces moments quand je reste par exemple une heure dans la rue avec un type qui vient de perdre les pédales ou accompagne une dame qui vient de se casser la pipe jusque chez elle. Il n'y a rien de samaritain dans cette attitude juste choisir le temps qui va passer là.. jouer avec des enfants au ballon si l'occasion (rare, il n'y a plus de terrain vague) se présente.. Le choix est tranchant, brutal parfois, comme si l'expérience (je veux dire l'expérience du temps et de sa liberté) elle seule avait germiné dans mon crâne et rien d'autre. Faire toujours ce que l'on s'est fixé représente à mes yeux la plus énorme forme d'aliénation qui soit. Elle me navre réellement. Un lézard observant un chat sur son passage ne va pas faire ce qu'il avait pensé faire. Il rebrousse chemin et se carapate dans le massif le plus proche au lieu d'avancer droit devant lui. Ainsi toute sa journée est constituée de petits changements, on va dire de dernière seconde...