Sous La Tente: Marlaine Bournel (remerciements)
marlaine bournel sous la tente 28 juin 2009 (dr cm)
En arrivant, au loin je vois une silhouette se détacher au milieu de la rue. Dimanche, il risque de faire assez chaud, ce qui contraste déjà avec la fraîcheur de l'atelier. La silhouette, celle de Marlaine Bournel qui est ponctuelle, m'apparaît maintenant en rouge et bleu. Nous installons les dernières petites choses, il est onze heures. Pour bien débuter un Sous La Tente, il faut cette petite dose d'imprévu. Aujourd'hui elle prendra les traits d'un jeune-homme fort mécontent de trouver dans nos démarches des signes blasphématoires. Même si l'intégrisme me hérisse le poil et je suis bien poilu, je ne suis pas dans cette démarche qui consiste à faire de la provocation avec l'art; ni dans ma pratique, ni dans les choix des travaux exposés chez moi. Je respecte les croyances. Il m'arrive d'aller à Saint-Martial passer du temps, pour prier à ma façon. Je vais dire que pour cette fois seulement mon calme est resté intact. (Si récidive il y a, coup de pied dans la bouche suivra dicton huit du code interne de Sous La Tente). La journée est passée ensuite comme ces défilés ou à contre-jour nous voyons apparaître tantôt des êtres connus, tantôt des personnages inconnus amenant chaque fois avec eux, la surprise. Cette vieille dame avec son caddie à roulettes fut une des belles surprises, elle joua l'adoption de chaussette à fond. Partagée entre amusement et besoin de rompre la solitude. D'un geste précis avant d'affronter la chaleur sur le pas de la porte, elle pulvérisa un peu d'eau sur son visage, me gratifiant ensuite d'une poignée de main puis d'un sourire adorable: "Je reviendrais prendre un café avec vous". Beaucoup ont raconté des histoires. La chaussette, ce fil d'art ou dard a relié les hommes pied contre pied. Marlaine Bournel assistée d'Anne Queguiner a mené, huit heures affilées, entretiens et consultations. Nombres de chaussettes furent adoptées; certains sont même partis sans (qu'ils se mettent impérativement en relation avec elle afin que le processus soit complet). Marlaine Bournel possède des signes extérieurs de finesse; l'univers qu'elle construit autour de son petit monde artistique est en doses. Elle est de ces femmes qui proposent un visage radieux et perplexe à la fois, dans lequel nous creusons volontiers pour trouver le chemin. Insouciance programmée, le tambour de sa machine est bourré de sentiments, il tourne dans le bon sens. Elle essore vigoureusement et ne laisse pas de place, autant que j'imagine au hasard bienveillant qui semble suivre ses traces. Rincé par son énergie, je me sens après cette dixième tente, remonté à bloc. Ce qui n'est pas le but, mais pourtant mes remerciements iront là aussi.. à Marlaine Bournel pour son enthousiasme à faire un des beaux Sous La Tente, à Anne Queguiner pour sa participation active au projet. Aux visiteurs, adopteurs, adoptistes, à ceux qui ont refusé d'adopter et qui sont venus, aux artistes qui suivent le projet. Aux enfants qui courent sur la queue de l'hippocampe, à l'Atelier ( Carine et Malvina), aux projets d'été. Le temps presse. Vive l'Art !