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Christophe Massé Informations
21 novembre 2010

Anne Dubois-Kremer (Seconde exposition personnelle Sous La Tente Bordeaux)

Depuis l'inauguration des rencontres Sous La Tente (juin 2008), je n'ai cessé de penser à un instant précis. Celui qui provoquerait en moi l'envie d'approfondir. Tout en continuant à présenter le travail d'artistes nouveaux; de regarder aussi dans un passé récent. Convoquer l'être et l'art. De ceux et celles résidant à Bordeaux qui ont figuré sur le parcours qui seraient susceptibles de montrer un autre fragment de créativité, une œuvre plus libre, plus intime, encore plus personnelle. L'envie de formuler dans les prémices d'un autre cycle, ce qui pourra être défini comme l'esquisse d'une galerie de travaux, un élan vers la constitution lente d'un ensemble de propositions autour de personnes sans lien les unes avec les autres, mais fortes du regard déjà apporté Sous La Tente. J'ai proposé à quatre d'entre-eux/elles, travaillant à Bordeaux de préparer une seconde édition. Et ainsi nous allons aujourd'hui, pouvoir avancer dans l'élaboration d'une nouvelle série d'expositions et le renforcement d'une certaine confiance pour un certain regard. Moteur d'un esprit et d'idées qui se radicalisent autour de plusieurs centres d'intérêt; les miens, et ceux des artistes. La solitude, l'indépendance, la dérision, le partage, l'idée du passage. Une position dans la cité, le point de vue. A vous qui suivez et vous passionnez (hi!hi!) des rencontres Sous La Tente, voici la première date d'une réponse.


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Sur l'autre chemin de Quichotte; Anne Dubois-Kremer, l'âne dans le creux de la main. 

 

En quittant sous la pluie tôt ce dimanche matin le rond-point de Ravezies, j'ai l'impression de me trouver à Leipzig et parcourir un temps d'ironie lointaine vis à vis de l'architecture des pays de l'Est. La mini tempête donne encore un peu plus le sentiment d'être entouré d'absence, de rigidité superflue et creuse. J'imagine dans quelques années le délabrement de ces bâtiments qui sont déjà obsolètes. Ce qui me les rend sympathiques. Je file dans le prolongement d'une des branches de l'étoile en direction de Bacalan. Anne habite tout au bout de la ville, un quartier qui ressemble aussi d'une certaine façon à Dresde ou à ces villes balayées par le froid et dans lesquelles le vent porte des feuilles d'arbres mortes rigides et dures comme du zinc.

 

J'ai laissé Anne Dubois-Kremer, il y a quelques mois, dans les fleurs et les pétales d'un printemps qui tourmentait les chairs. Son repli estival la garda dans un silence total. Parfois la dame blanche était aperçue sautillante et imprévisible seulement quelques heures au détour d'un enchantement du jour et de vernissages en détente. Nous avions accroché, pour les défaire ensuite, nous renforçant, ses taureaux dans l'anti-chambre, revisité l'idée du grenouillage, de la radicalisation, parlé de la grande espérance, de l'immense débâcle des sentiments... vers les profondeurs de ce que nous pouvons appeler la vie locale avec ses programmes culturels qui s'enchaînent, au grand détriment souvent de l'artiste, dans son martyr, son errance, sa quête, son bonheur qui le dévastent quand il ne jouit pas de la mesure d'un temps ou règne un peu plus que l'ignorance. Je me gare là dans la banlieue de Varsovie ou sur un campus de Budapest, je fais quelques pas pour traverser la route sous la pluie, manque de me faire renverser par une Lada qui roule à vive allure, que j'évite comme un torero à la retraite et dans laquelle j'aperçois un type hagard croquant dans un croissant. Anne m'ouvre. Le café est une de mes rares joies, elle le sait. Nous nous retrouvons les bras ballants. Pour encore cette fois, je pense que l'art va me sauver la peau. Tant mes larmes me contiennent. Un arbre en perspective soulevant de lourds kakis trace dans le clair-obscur une découpe projetée comme dans les lumières d'un phare dans cette aube grise qui n'en finit pas de lever son voile. Une volée de violents points orangés à redonner l'espoir miroitent sur les iris congestionnés des femmes perdues pour un temps. Une immense sculpture est là posée, dont ce texte ne dévoilera rien avant que son heure ne soit venue. Il y a ces instants bucoliques de la vie qui permettent en sortant d'un cimetière de donner à l'existence un sens. Dans son attente, son terrier, ses entrailles, Anne a relevé le temps des positionnements et les moulins sont tombés. Il est là à genoux implorant le moment des rédemptions. Elle court dans le noir et vide par les fenêtres ce qui va revenir et trouvera porte close pour l'essence même de son art et l'ultime sauvegarde, ordinateur ou pas. Le silence, l'acharnement et son rituel des bandelettes est là sur le monticule des grands soirs de tristesse empilés. Il ne reste rien de la mémoire, l'image, un temps en trois dimensions que Sous La Tente va accueillir avec la plus intime conviction que le voyage commence et en pèlerin Anne est partie sur le chemin, son âne au creux de la main.    

Christophe Massé

présente

Anne Dubois-Kremer

le lundi 29 Novembre 2010

de 11 à 21 heures

(puis mardi et mercredi  de 11 à 19h)

Sous La Tente: 28 rue Bouquière 33000 Bordeaux (France)


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Commentaires
H
Dans cette nouvelle présentation Toffer fait la synthèse d’une longue étude sur les racines de l’empirisme moderne, Anne revient sur des questions de méthode : elles permettent d’expliquer l’unité, la vie et le langage plastique<br /> comme projet lié à la liberté.<br /> Hedo mathésis
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