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Christophe Massé Informations
18 janvier 2011

adensI Sous La Tente (Bordeaux) seconde exposition personnelle

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Christophe Massé

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adensI

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le vendredi 28 janvier 2011

de 10 à 21heures

Sous La Tente: 28 rue Bouquière 33000 Bordeaux (France) 


Denis Thomas : Surfaces Urbaines.

Vivre dans une ville. Traverser un espace et rendre compte visuellement de son expérience avec le lieu, tel est la volonté de Denis Thomas. Il réalise ses premières images en 2005 et prend conscience de ce qui l’entoure et des motifs qu’il va photographier de manière systématique. Il procède à ce qu’il appelle lui-même un travail relevant « plus d’une obsession qu’un désir d’inventaire ». Denis Thomas photographie de manière boulimique les rues, les passages et les passants pour peut-être aller à sa propre rencontre.

Dans cette perspective, il a choisi de fixer son œil et son objectif sur Bordeaux, qu’il parcourt de fond en combles pour y faire surgir sa vision de la ville. Ses images présentent un monde urbain comme suspendu dans le temps, déshumanisé. Si la figure humaine est présente, elle n’est que fantomatique, mécanique ou trop pressée. Denis Thomas s’attache aux détails d’un environnement quotidien, un vélo, un trottoir ou une fenêtre. Les petits riens que nous ne prenons pas suffisamment le temps d’observer dans nos élans toujours trop rapides.

Bulle choix voir savoir répétition contemplation soulagement chose renouvellement découverte exploration repos mémorisation partage machinité pensée prétention domestication accumulation monde matérialisation illusion magie image pudeur admiration. (D. Thomas, 20 mai 2010).

Denis Thomas a ressenti le besoin de parcourir la ville et d’en fournir une image aux facettes multiples. Il ne se définit pas comme un véritable photographe mais comme un individu exprimant son point de vue sur ce qui l’entoure. Son travail possède un caractère instinctif, qui s’inscrit dans celui des artistes marcheurs. Marcher dans les rues et attendre de la ville qu’elle nous livre ses secrets et son intimité. Denis Thomas fait l’éloge du banal. Sur ses pas nous rencontrons un mobilier urbain désincarné, invisible et pourtant ancré dans nos paysages quotidiens.

Des hommes au travail, réduits à des uniformes et des postures mécaniques. Des chantiers de démolition et de construction que l’objectif de Denis Thomas a fixé dans le temps. Les portes et les devantures des magasins sont fermées, les maisons sont abandonnées, abîmées, les rues sont vides. Ses images urbaines de matériaux, de couleurs et de textures hétéroclites nous rappellent parfois les compositions de peintures abstraites. Il s’amuse avec la géométrie des éléments et des textures matérielles que lui offre la ville. Murs, dallages, carrelages, bitume, faïences, mosaïques, ciment, peintures et ferrailles semblent fusionner dans un univers désertique où l’homme paraît avoir soudainement quitté les lieux. Le photographe accentue un « systématisme » avec la récurrence des motifs : carrelages, mauvaises herbes, sols, pas de ports vidés, frontalités, objets inanimés, orthogonalité, etc.

Il dit d’ailleurs : « L’homme a besoin des systèmes, qu’il crée, comme il a besoin de les détruire. Disons que le reste est de l’ordre du hasard. » S’il entre dans les halls et les couloirs des bâtiments rencontrés lors de ses balades, Denis Thomas rend compte de la fuite humaine. Les lieux sont vides et se dégradent progressivement. Certains sont en cours de destruction, ils sont figés et les matériaux brisés nous apparaissent comme des blessures profondes.

En tant qu’architecte d’intérieur de formation, Denis Thomas, exprime une nécessité personnelle de faire le constat désarmant, du gâchis et de l’abandon de lieux livrés à eux-mêmes. Pourtant, de temps à autre jaillit une lueur d’espoir avec l’apparition, quasi miraculeuse, d’un oiseau ou d’une plante qui tente de se faire une place sur le bitume aride. Ces « mauvaises herbes » qui survivent sur nos trottoirs et que nous ignorons consciemment. Denis Thomas nous amène à ouvrir véritablement les yeux sur notre environnement quotidien, sur ces petits riens qui sont en fait des signes de vie dans ses photographies.

Tout ce qui se trouve dans mon champ de vision est bon à voir. Toutes les lumières sont belles à raconter. Ce qui importe à mes yeux, c’est l’instant, guidé par le désir de voir. Puis, s’opère le cadrage, le donner à voir, afin d’immortaliser. (D. Thomas, 29 oct. 2010).

Depuis plus d’une dizaine d’années, il partage une relation duelle avec Bordeaux. Une ville qui lui a d’abord paru « austère, bourgeoise, refermée », qu’il a appris à apprivoiser au fil du temps. Dans ce dessein, Denis Thomas a décidé d’arpenter la ville pour produire une image de ce rapport à la fois conflictuel et tendre avec sa ville d’adoption. Il fabrique ainsi une mémoire instantanée des lieux qu’il traverse. « La photographie a ceci de magique, dans l’instant, elle peut aller aussi vite que la pensée humaine. » À travers son œil, nous assistons à une lente métamorphose urbaine, entre constructions et destructions. Denis Thomas partage par le biais de ses images, non seulement des morceaux de l’histoire des rues et des bâtiments (anciens comme contemporains) Bordeaux, mais aussi son histoire personnelle avec la ville. Une histoire révélant un rapport quasi intime avec chaque recoin et détails d’une ville fourmillante de joyaux de l’insignifiant qu’il nous fait découvrir. Son œil qui pour l’instant est concentré sur Bordeaux, nous promet de nouvelles images au fil des autres villes, des autres territoires qu’il rencontrera à l’avenir.

Julie Crenn, octobre 2010.



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Commentaires
H
Le spectateur est invité à les traverser, se laissant imprégner par le « la masse visuelle », la dimension d’infini qui les habite et le « mouvement » qu’elles suggèrent. « J’éprouve le besoin d’atteindre le maximum d’intensité avec le minimum de moyens »,et c’est à cela qu'il arrive ici, par le dépouillement extrême de la photo.<br /> Bravo pére Denis le noir et blanc avec la couleur.
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