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Christophe Massé Informations
4 avril 2012

Lucie Bayens expose Sous La Tente à Bordeaux

Lucie Bayens : Une plume dans l’édredon de l’ogresse.

Par Christophe Massé

 

« Ce serait vraiment du temps perdu répondit-elle. Jamais on a vu les gens se savonner le dos » Gabriel Garcia Marquez

 

Eloge du décoratif dans les travaux de l’Artiste. Je plaisante.

1/ Décoration & mérite.

Une idée du décoratif

Dans ce champ de mines qui propose à la rétine un paysage pictural prêt à combler le temps entier du regard et apporte une extension décorative aux propos liés à la lente et commode transformation de la nature contrariée en espace réel de renaissance ; je découvre que les travaux de Lucie Bayens se situent fréquemment à la limite de cette circonférence inattendue. Je veux dire dans le périmètre, la ligne ténue de démarcation sensitive qui sépare la jouissance visuelle de l’amateur d’art de celle du branleur de cortex. 

Ni en dedans, mais pas encore en dehors. Pourtant les sentiments éprouvés sont tous dans un même camp.

Ses œuvres proposent à la pupille dans son instant de dilatation, d’intégrer la voix, le songe de l’artiste dans son extension créatrice, lui confiant le parcours – et si nous abattions l’animal et si nous décortiquions la graine et si l’écorce devait livrer plus encore d’elle, en direction d’une multitudes de mises au point : focus, autofocus et présence d’intériorité/extérieure. Denrées, perceptions rares qu’un spectateur type va pouvoir, dans sa frénésie à sous estimer ses potentialités sensorielles, comme sa pleine responsabilité d’ailleurs ; oublier là, totalement, et reprendre son rôle pour entrer de plein pied dans la mare de l’art, et ainsi revêtir un habit en gras de magret tatoué.

Je l’imagine tenant les couverts, et au beau milieu d’un instant de découpe, s’adressant à la « maîtresse » de maison d’un ton enjoué : Ces couverts sont d’une douceur incroyable. Mais, ne craignez-vous pas que quelques touffes de poils se retrouvent dans les assiettes ?

Oublier, pour sortir de table. Et prendre trois choses : La nature, l’objet, l’humanité ; enfin au sérieux.

 

2/ La préhistoire de l’interférence entre matériel et idées.

L’objet en soi. Mais d’où vient-il ?

Jamais comme durant ces dernières décennies, les artistes contemporains ne se sont autant précipités à la recherche du ready made perdu. Une toute nouvelle génération d’artistes a, elle, entrepris de se saisir de l’occasion de ne plus utiliser le pinceau, et pour ; dans ce bouleversement qui a ramené le pécher rétinien à l’ordre du jour ; c’est à dire : du décoratif assumé et sans vergogne à qui mieux mieux sera le plus narquois, tout en se servant dans le grand magasin de l’art et aussi chez de petits fournisseurs de qualité, retrouver la noblesse du message, la puissance évocatrice de la métaphore, par exemple, sur des intestins de porc marouflés après nettoyage sur contreplaqué de bois, qui faciliteront le transit d’interprétation, en réinvestissant dans les cervelles troublées, une belle décharge émotionnelle, en même temps que cette formidable idée illustrée, parce que ce que nous disons n’est pas toujours comestible, ni subliminal, qu’il s’agisse d’aimer comme d’être bien gavé.

De son absolu cheminement : allant du champ d’art sociétal virtuel à celui d’un nouvel art vivant, en composant avec les fabriques administratives ; de gestion langoureuse des patrimoines ou prêteuses nerveuses d’art sur gages, nous avons progressivement recherché dans les espaces qu’ils nous proposent, la véritable condition de l’objet d’art, ramené ! Que dis-je traîné… de son lieu d’introspection initial à celui d’investissement en options à taux préférentiels, comme dans une quintessence en route pour la joie, et avec comme but inavoué d’arriver fondamentalement à croire aux pouvoirs des œuvres, pour qu’ainsi dans nos intérieurs domestiqués, nous renouions avec le geste pur - vlan badaboum - un bon coup de perceuse dans la cloison, suivi d’un planté de cheville hors normes et zou ! En suspension l’œuvre est là,  en concurrence directe avec l’écran plat et la voix de son maître.

 

3/ Le partage : images d’errances, notes & attirances, profits.

Parfois l’on sent étrange que dans ces toutes nouvelles propositions se vautrent, confrontés ; d’une part les matériaux issus de la manufacture la plus ancienne des hommes et de l’autre cette invraisemblable boulimie, propre au progrès incessant. Effervescence naturelle qui rejaillit de PARTOUT,  par chaque interstice où courageusement elle peut reprendre sa force. Pulvérisée par les myriades de gouttelettes venues du geyser du déballage politique et d’histoires plus ou moins redessinées à la comme ça m’arrange.

Comme si une société toute entière subissait les assauts d’une terrible maladie. Pansements, coutures express sur douleur et maux intenses permettent ainsi d’établir toute une gamme de propositions de soins palliatifs ; elles, flirtant du secteur plastique à son intellectualisation, pour ne pas dire de la réalisation de l’oeuvre au manuel d’utilisation.

Je ne te dis pas le boulot !

Lucie Bayens travaillant sur des matériaux liés aux superpositions de savoir observé : bon et mauvais, gras et maigre, en chair, en os, de la crème et du moisi, de la couenne et du truand, de son alvéole, de la peau, conduit directement à cette troisième phase du regard et nous protège en quelque sorte, nous économise, nous berce, nous illumine la crasse de notre intérieur. Nous ne sommes plus dans l’extrait d’aloe vera, la jouvence, le baume, l’élixir, et j’en passe. Nous nous situons exactement là où c’est fondamental. Justement dans et par la création comme une plume qui se ouate dans l’édredon de l’ogresse. Multiplier les errances et les allers-retours, sans en faire une loi, me parait symptomatique de l’à-propos de cette nouvelle génération d’artistes au regard tendre et parfois (dés) abusé avant l’heure.

Actuellement confronté à l’œuvre en totale expérimentation, je pose mon front sur la vitre. Détendre. Posé un regard tendre et à la fois confus, ou propulsé dans ce nouvel élan de créativité, ce paramètre que j’affectionne depuis de nombreuses années : tout et son contraire se révèle et à défaut d’adrénaline crache de l’émoi – champignon naissant dans la plinthe d’un appartement bourgeois, petite fleur jaillissant du béton sur la façade au dix-huitième étage d’une barre d’immeuble. Le coloré, le clair, le tendre, le caustique, sans jamais se dire que nous pourrions passer de l’un à l’autre et la dernière fois où me sont apparues les couennes de magret gravées, j’avais eu la certitude, un instant, me référant à l’expérience de mangeur exceptionnel de maigre que je suis, et sans demander plus de cuisson, ni implorer quoique ce soi, selon mon habitude, me délectant de contempler petits chaussons cousus main posés délicatement sur le gros sel, et tant l’exercice relevait de la prouesse, en jouir. Pleins les yeux. Prendre une décision.  Je me suis toujours prodigieusement ennuyé dans cette histoire de devoir faire des choix. La même histoire que le processus. J’aime les artistes qui ne sont pas dans cette lignée. Le temps qui s’en va a renforcé cette conviction. L’art n’est pas un processus. Même si tous les artistes qui doivent réussir finissent par s’y conformer.

 

3bis/ Porosité

Que la lecture se fasse dans le bon sens. Réinitialisé mes codes. Lucie Bayens est poreuse. Et je le suis devenu un peu plus, mais pas à son contact. Pourtant les explications sont toujours bonnes à prendre et l’idée d’utiliser comme de profiter des accidents de parcours est d’une naïveté qui confine à nouveau avec le plaisir. Je reviens au sentiment de tout et son contraire, aligner jusqu’au pépin facilite parfois une redistribution des atouts. Lucie Bayens s’en sert. Je vais oser comme une archéologue dans les soubassements d’un métro : Ouais… je garde ça et ça. Le reste ? Hum ! Combien de temps nous reste t-il ? Deux jours. Heu ! Beeh ! Foutez moi tout cela au recyclage. Je l’imagine travailler de la sorte, en déblayant au bulldozer des tonnes de déchets, pour n’en extraire que quelques pommes de pin ayant servi à confectionner jadis d’horribles petites boîtes à épingles.

 

4/ L’ignorance du hérisson et Conclusion.

Un temps d’adaptation & son service après-vente

Inutile encore une fois de se dire qu’un artiste contemporain parait capable à lui tout seul de faire la synthèse de plusieurs milliers d’années d’histoire de l’art ; certainement que l’homme qui ramassa sur son barbecue la dernière brochette confectionnée par un maître préhistorique de la cuisine traditionnelle, savant mélange de trois viandes : orignal, machairodus, mammouth pouvait trouver dans la contemplation sous la lune de cette dernière de quoi enrichir son paysage et illico l’envie de l’introduire à sa palette d’artiste ultra local vers Lascaux, Niaux ou autre places fortes de l’art contemporain pariétal. Lucie dit j’ai une naïveté féroce à assembler les beaux restes, nous devons absolument lui faire confiance. La clef est au pied de la lettre ; le f de féroce ou la n de naïve. Entre les deux tours nous allons nous prendre un bon coup de pied au cul Sous La Tente. (Cette dernière phrase pour donner toute sa consistance à ce texte universel doit être retirée).

Une fois l’écho dissipé, j’entends souvent, encore et toujours depuis mon enfance, cette phrase résonner en moi : Il me prend pour un autre.

Bordeaux, le 01, 10 et 11 avril 2012.

 

pôpi


Christophe Massé

 

présente

 

Lucie Bayens

 

le samedi 28 avril 2012

de 11 à 21heures

 

Sous La Tente: 28 rue Bouquière 33000 Bordeaux (France)

 

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H
La Bayadère raconte l'histoire de la bayadère (mot qui désigne une « danseuse » ou « servante » du temple)Nikiya et du valeureux guerrier Solor qui se sont mutuellement juré une fidélité éternelle. Le grand brahmane, également amoureux de Nikiya, apprend ses relations avec Solor. De plus, Dugmanta, rajah de Golconda, souhaite fiancer Solor à sa fille Gamzatti -Hamsatti dans la production originale. Nikiya, étrangère à ces dispositions, accepte de danser à l'occasion des fêtes célébrant les fiançailles.<br /> <br /> De son côté, jaloux, le grand brahmane, souhaitant la disparition de Solor afin de garder Nikiya pour lui seul, confie au rajah que le guerrier a voué son amour à la Bayadère par devant le feu sacré. Son plan fait long feu lorsque Dugmanta, loin d'être en colère envers Solor, décide que si une personne doit mourir, ce serait Nikiya. Gamzatti, écoutant ces propos derrière la porte, convoque Nikiya au palais et essaye de la soudoyer pour qu'elle renonce à son amoureux. Une rivalité surgit entre les deux femmes. Nikiya, folle de rage, saisit un poignard et tente de tuer Gamzatti. Son bras est arrêté par Aiya, la servante de Gamzatti. Nikiya s'enfuit, horrifiée par le geste qu'elle vient de faire. Comme son père, Gamzatti fait le serment de tuer la bayadère.<br /> <br /> Lors de la célébration des fiançailles, Nikiya interprète une danse triste tout en jouant sur sa vînâ 2. On lui offre un panier de fleurs qu'elle interprète comme venant de Solor et entame aussitôt une danse joyeuse et endiablée. Elle ignore que le cadeau vient, en fait, du rajah et de Gamzatti qui ont caché un serpent venimeux parmi les fleurs. La bayadère serre le panier contre elle et se fait mordre au cou par le serpent. Le grand brahmane offre un contre poison à Nikiya qui refuse et choisit de mourir plutôt que de de vivre sans Solor.<br /> <br /> Au cours de la scène suivante, Solor, dépressif, fume de l'opium. Dans son délire, il voit l'ombre (ou fantôme) de Nikiya dans un nirvāna, un lieu étoilé situé au sommet d'un des pics de l'Himalaya et appelé le Royaume des Ombres. C'est là que se réconcilient les amoureux parmi les ombres d'autres bayadères (dans la production originale de 1877, cette scène a lieu, quelque part dans le ciel, dans un palais richement illuminé et enchanteur. Lorsque Solor se réveille, les prépatifs du mariage vont bon train.<br /> <br /> La scène s'ouvre sur le temple où doit être célébrée l'union de Solor et de Gamzatti. L'ombre de Nikiya hante Solor pendant qu'il danse avec Gamzatti. Au moment même ou le grand brahmane unit les mains du couple, les dieux se vengent du meurtre de Nikiya en détruisant le temple et ses occupants.<br /> <br /> Les ombres de Nikiya et de Solor sont réunies et emportées vers l'Himalaya.
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