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Christophe Massé Informations
18 novembre 2015

Orlando de Rudder


Orlando de Rudder.

C'est le peintre Alain Gestin qui me parla pour la première fois de Orlando de Rudder et me proposa de lire "Tout crus, les coqs", roman que je tiens encore aujourd'hui pour une des formidables lectures de ma vie. Ce livre m'enchanta, il aiguisa ma curiosité et m'incita à poursuivre dans l'oeuvre de l'écrivain. Le Trou Mahaut, l’Âne et la lyre, Le Bourreau de Maubeuge, La nuit des Barbares et bien d'autres puissants ouvrages furent engloutis avec passion. Un peu plus tard au milieu des années 90, je fis la connaissance de l'homme chez le réalisateur Jean Valère à Paris , puis un peu plus tard encore, en même temps que je continuais à me passionner pour l'ensemble du travail de cet auteur à part, débutèrent par la voie d'Internet nos échanges épistolaires. Si truculence comique et mélancolie savoureuse constituent la colonne vertébrale de la plupart de ses romans et récits, il s'agit bien de la profusion de détails et la permanence d'explications dans l'oeuvre que j'affectionne tout particulièrement. Tout ce qui coule depuis la source de l'immense érudition de cet homme, pour que nous puissions nous abreuver de connaissances. Tant et tant que De Rudder mettait au service de ses histoires, et qui apportait à son oeuvre un trop plein d 'humour, de dérision et de fanfaronnade propre à celles et ceux qui savent ne pas s'arrêter, sensations qui tambourinaient longtemps dans mon esprit. Un recul permanent sur les choses de la vie et une belle dose de châtaignes. C'était un écrivain vraiment attachant, cruel et tendre, tellement différent. Il racontait et se livrait aussi dans une multitude d'articles sur son blog et autres réseaux sociaux qu'il est important encore aujourd'hui de mettre en parallèle avec ses romans; eux à lire sans modération. Sa perspicacité; une lucidité parfois violente en faisait aussi un immense poète, un extraordinaire jongleur des mots. J'ai aimé son point de vue et son art du sabordage, les sacoches pleines de rêves et d'objets hétéroclites que l'on emmène sans savoir pourquoi jusqu'au bout. C'est certainement sur le métier d'écrire, la solitude, l'abandon, la discorde que nous avons partagé le plus, jusqu'à une rencontre amicale et profonde qui se fit, le jour ou il me confia le manuscrit inédit de Écrivain de l'Ombre, texte qu'il m'offrit pour la collection Délirien que j'anime chez Pierre Mainard. Il m'expliqua le cheminement pour ce livre et celui de sa vie, me refila la plupart des clefs des nombreuses chausses trappes et un tombereau d'anecdotes liées aux personnages et événement qui jonchent ce livre, ce dernier relatant son travail sous-terrain de nègre. Orlando a écrit des dizaines d'ouvrages pour d'autres (essais, biographies, documents, ...) Il était heureux de le voir publier et le trouva selon sa formule: Épatant ! Je me souviens aussi de sa joie quand il fût traduit plus tard et édité en espagnol. Nous avons échangé des petits mots, des encouragements, des idées. Si j'avais voyagé simplement je serais aller boire quelques verres avec lui de temps en temps. Mon affection s'est étoffée encore à la lecture d'autres œuvres: Le Tempestaire, Le Comte de permission, Carrefour de la mélancolie, et des manuscrits qu'il me fit parvenir. Aujourd'hui je suis malheureux, très triste d'apprendre sa disparition. Mais, je suis heureux d'avoir croisé sa route et malheureux aujourd'hui, intensément triste encore de l'avoir perdu. Même si là au cœur dans mon cœur sont tapis ses livres, Orlando a beaucoup publié chez de nombreux éditeurs, sa voix aurait pu être certainement plus accompagnée ces dernières années, c'était un bouillonnant qui donnait son point de vue, loin des polis et des conformes. Il est mort fin octobre et enterré à Maubeuge.

Orlando ! Que ta joie demeure.

Christophe Massé, 18 novembre 2015

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Commentaires
I
Merci Monsieur Massé de ces beaux mots pour lui. Je suis sa compagne et je prépare actuellement la réédition de ses livres et la parution des inédits. je vous tiendrai informé si vous le désirez. Bien à vous.
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