Christophe Massé expose à Thuir (66) Musée des Arts &traditions populaires

Aujourd’hui je reviens dans mon pays pour y voir ma maman. Ici je n’ai besoin de rencontrer personne, je ne pense connaître personne de tout ce Monde et personne ne me connaît vraiment il me semble. J’ai travaillé et vécu une bonne partie de ma vie loin du pays natal, et si j’ai toujours pensé à lui en écrivant sur mon métier de vivre, je n’ai pas écrit grand-chose à son sujet, j’ai préféré tenter d’aller toujours vers le souvenir et rechercher l’intensité du premier moment. Un autoportrait, celui des odeurs, couleurs et images du souvenir originel non raconté par une tierce personne, ni observé sur des albums renfermant des photographies, ni perçu autrement qu’à travers la longue quête dans la mémoire des faits révolus et des rêves épurés. Aujourd’hui j’imagine revenir ici mais certainement pas définitivement. Je vais y venir pour faire des choses précises et choisies et d’autres parce que je vais être rémunéré pour les réaliser. La peinture et la poésie sont restés avec moi toutes ces années, pour confectionner une peau supplémentaire et différente autour de mon être. Une écriture, un souffle, de la couleur qui m’éloignent toujours plus du conformisme et des routines ; et même si j’accepte plus volontiers de participer à des projets, et que nous n’échappons à presque rien de ce qui fait plier les hommes. Je ne suis pas un homme d’affaires, ni d’appareils, j’observe en vieillissant, même si le nécessaire besoin de raconter au jour le jour mon histoire est toujours présent dans sa fulgurance, je constate que je me suis allégé de certains des éléments qui alourdissaient mon sac à dos, cette métaphore a comme résultat de m’éloigner de la petite histoire qui fait grincer les dents. Ici en terre roussillonnaise mon grand-père a tout fait, mon père a prolongé son souffle et préservé le sien, et j’ai eu l’honneur de présenter leurs œuvres avec la mienne sur ma terre bordelaise d’adoption (grâce à François Robert), chose qui n’avait jamais pu voir le jour nulle part ailleurs. Je ne vais pas faire mieux. Je suis parti, je ne suis nulle part ailleurs que dans les instants.

Pourquoi exposer à Thuir ? Jean-Georges Mas qui dirige les Cimaises du Musée des Arts et Traditions populaires m’a encouragé dans les années 90 en sponsorisant l’exposition 8+1 organisée par Christian Hernandez, je n’ai pas oublié. Mes parents ont aimé la ville. J’ai aimé dans ma jeunesse y venir. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Rester sous les mûriers. J’ai aimé par là aussi, dans la campagne, un œil sur la montre et l’autre sur le Canigou.  

« Avec le cœur » est une exposition inédite qui rassemble un choix de travaux de peinture sur papier issu de séries depuis 2005 : « Avec le cœur (2005), Ecrire n’existe (2007), Les appartements (2006), Pam ! (2009), L’écorce des Sentiments (2010), Les chemins de Perpignan à Bordeaux (2010), La forêt (2010), Les journaux de Köln (2009), Le journal de la Traversée N°1/2/3 (2008-2018), Sans titre (2012), Amour Je vais-je vis (2015), à Uccello (2016), Dos os sos (2016), Les fenêtres à Collioure (2018). Elle aura la particularité de succéder à celle de Mario Chichorro qui évoque aussi pour moi la découverte dans mon adolescence de beaucoup d’émotions.

Christophe Massé « avec le cœur » Peintures sur papier Musée des Traditions populaires (à côté de la Mairie) du 29 juillet au 26 août 2018 Thuir (Pyrénées-Orientales) Vernissage le 28 juillet 18h30

Comments

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Salut Christophe, la peinture et la poésie sont une peau et une armure qu'il ne faut pas quitter! Bien à toi! alain gestin