Journal: Dans la nuit des autres

Trois heures; en pleine campagne, c'est un noir profond qui serre la gorge jusqu'à ce que les iris fassent le point et s'habituent aux formes devenues subitement énormes; comme un talus sur le bas-côté de la route, et les halos autour des arbres. Nous avons marché côte à côte, heurtant involontairement nos coudes et nos hanches, le souffle lourd, tristes, épuisés d'en être là encore à cette heure si avancée. Là, avec presque de cette lassitude dans nos regards noirs perdus dans la nuit noire, que ni l'un ni l'autre ne pouvaient observer. Lassitude, tant nos gestes quotidiens produits pour effacer des mémoires l'absence peuvent paraître vains, balayés dans la tourmente ignorante. Alors que les cigarettes et le vin ne servent plus à apaiser la douleur autour de la plaie, nous bravons les ténèbres pour rendre à cette obscurité, une de ces visites de politesse qui comme avec certains vieillards puise toute sa force dans le silence.

Comments

[Aurore]

Bonjour Christophe,
Hésitations timides apres tant de mots et pensées
si bien liées. Toi les mots, moi les notes, a chacun sa vocation, son exutoire!
J'ai une piste intéressante pour ce dont nous avons parlé hier, mais c'est un peu loin de Bordeaux. En espérant que tes contacts seront plus fructueux que les miens! Mais si tu ne trouves pas ce n'est pas grave.
Bonne soirée à toi et a très bientôt
Aurore