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Christophe Massé Informations
21 octobre 2006

Un, deux, trois... Délirien chez Pierre Mainard éditeur

blog_piscine                                                                                                                Ecrivain de l'Ombre est là, posé sur la table dans son habit orange de travailleur. C'est le titre que lui a donné Orlando de Rudder. Un ouvrage vif, drôle, intelligent et instructif. Du manuscrit à la sortie du livre, j'ai encore ramé dans mon idée de la lecture d'un texte. Je suis aujourd'hui de plus en plus adepte de lire et de relire une même chose. J'ai puisé dans ces relectures des minuscules bonheurs et chaque fois dans l'embellie. Orlando de Rudder a beaucoup écrit pour les autres, une greffe de sa langue dans d'autres bouches. Entrer dans le cerveau des quidams souvent célèbres. Se mettre à la place de l'autre. Notre rencontre (grâce au peintre Alain Gestin) n'est pas facile car l'homme déteste le football.. et moi j'y accorde une partie de ma vie "du souvenir" je ne daigne pas cogner dans le cuir et tacler un peu au dessus de la normale autorisée (le beau tatouage de l'enfance). Notre rencontre s'est déroulée à travers l'édition du livre. La profonde histoire d'un écrivain contraint certains jours, et pour citer l'auteur dans laquelle: on découvrira le travail du grimaud, du rescripteur, "du nègre", de l'écrivain à gages qui écrit au nom des autres. On y lira son expérience, certes mais aussi celle de beaucoup d'autres travailleurs du grand commerce des sincérités industrielles, des "oeuvres au noir" souvent peu payées, indispensables pour un public friand de vérités organisées, de véracité confortables, de "documents" et de méthodes. Je me suis  demandé si une plaie qui suppure n'est pas entretenue à cause de cela. L'écrivain de tous crus les coqs et de la nuit des barbares disparaît dans son blog et l'exigence de ses points de vue; il proclame jusqu'à la nausée, il enfonce le clou, se tient droit malgré les mauvais coups du sort. On pense même qu'il est le seul à souffrir. C'est une voix du nord qui s'échappe par la lucarne, enpiscine_sur_mer_dinard_2006_2 polémiques nommées combats mais que je trouve souvent dérisoires et parfois pathétiques. C'est ce qui doit faire aussi son charme, démarque l'auteur, quand il est propulsé comme le font ses magnifiques pwhaizy, là où dos au mur la poésie est la plus cinglante comme la plus universelle. Orlando de Rudder n'est pas confortable. Comme dans certaines rencontres sportives (aïe! aïe!) il ne lâche rien, il renvoie toujours la balle du fond du cours, revient toujours donner un dernier coup de patte, pas de griffe; il ne s'attaque pas aux hommes mais à leurs mauvaises idées... Il a (toujours) le dernier mot, que sa gigantesque érudition lui autorise. Je me suis étonné, à découvrir cet homme convaincu et généreux dans notre correspondance "professionnelle" même si je suis un peu peiné que cette douleur qui émane, proche de la mienne, nous prive de la liberté de se dire autrement.

Je vous incite à découvrir ou à redécouvrir l'oeuvre littéraire d'Orlando de Rudder..

http://www.orlandoderudder.canalblog.com/  rubrique: trucs sur ruru lui même

l'on trouve sur le blog littéraire http://290364.canalblog.com  des notes sur orlando de rudder

à propos de Délirien...

Délirien. Il me plaît ce mot je sens que je vais l'utiliser. Henry Miller. (Jours tranquilles à Clichy)

Diriger une collection littéraire chez un éditeur est un bien-être, un bonheur (je ne crois pas que les mots soient galvaudés dans ce cas précis). Vu le risque que prends l'éditeur en donnant sa confiance à une personne, en la désignant pour remplir une mission personnelle au sein même de quelque chose de très personnel. Je préfère création que direction... c'est plus généreux dans la sonorité, mais aussi je me rends bien compte que direction est un mot avec un sens, un pouvoir qu'il faut tenter d'assumer. Les écrivains sont des casse-couilles, des enfants gâtés, des seuls au monde... comme les hommes en général; mais eux savent des trucs et leurs caprices sont à prendre au sérieux. Au début de cette aventure j'ai pensé empiler les "choses" comme chez moi, faire des tas. Je ne savais pas beaucoup de "choses" du dedans du travail d'éditeur (Pierre Mainard m'a beaucoup apporté dans cette approche du fonctionnement), je voulais aider, découvrir, adopter et proposer. Aujourd'hui cette idée demeure mais dans un autre ordre les éléments se sont agencés. Découvrir c'est la rencontre; proposer c'est donner à cette rencontre un sens particulier; aider c'est trouver la raison d'être et adopter c'est la plus exigeante des libertés qui existent pour moi. Une image, un filet de pêche qui retient quelques varechs choisis à la place du poisson; une autre image, un filet d'eau qui coule sur lequel des brindilles flottent avant de former une petite retenue dans une courbe du ruisseau. Je m'aperçois que les choses se font avec ceux, principalement, qui veulent les faire et les rendre possible; puis avec ceux qui commencent à imaginer que c'est possible; enfin avec ceux qui ont envie un jour d'imaginer que c'est possible. Un nombre de personnes qui travaillent peut-être pour cet objectif et proposeront un jour quelque chose; un nombre de personnes qui sont en train de se dire que peut-être ce serait intéressant de faire quelque chose dans cette voie; et d'autres qui ont donné presque immédiatement d'eux. Il n'y a pas de programme, un calendrier livre aprés livre, quelques balises importantes. J'aime assez l'idée de repère, de bouée, de havre, de piste d'atterrissage, d'envol. Une première aventure avec quelqu'un de reconnu qui ne se prendra pas assez au sérieux pour ignorer le travail que réalise les éditeurs de l'ombre qui jouent une partie de leur vie sur cette table de poker parfois menteur, mais aussi avec quelqu'un qui tient entre ses mains son premier texte fraîchement moulu, brûlant comme une brique à mettre au lit pour se réchauffer et qui va intégrer l'édifice que je vois de plus en plus prendre la forme d'un igloo, d'une yourte, d'un abri de jardin... la collection du réconfort et de la tentative entre les mots découvrir et défendre.

hubert_lucot_soulac_sur_mer_2_septembre_2006__2_ crin hubert lucot nadia_1 tatami pop nadia porcar (np)

de_rudder écrivain de l'ombre orlando de rudder (photographie elise antoine)

d_lirien_tranches les ouvrages de la collection délirien chez pierre mainard, éditeur sont disponibles à commander par correspondance: 14 place saint-nicolas 47600 nérac (france) où dans les librairies (liste sur ce blog) 

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Commentaires
M
oui, les polésies de De Rudder sont de véritables bijoux, qu'on aimerait bien voir réunies en recueil.<br /> bien d'accord avec vous également sur les bonheurs des re-re-re lectures !<br /> marie
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D
La plupart des circonstances ne sont ni bonnes ni mauvaises.Ce sont nos pensées qui les déterminent.Ne vaudrait-il pas mieux considérer la vie comme une aventure plutôt qu'un fardeau ?<br /> La crise d'aujourd'hui est l'histoire intéressante de demain matin sans chagrin.Si vous tenez à être le pére Noël,votre traineau devra être un 4x4 suffisamment puissant pour traîner une semi-remorque de 22 tonnes.(vieux proverbe des bouchures du bas berry)<br /> Ami logophore sans passeport allons voir un peu plus le flot de la vie.<br /> L'Hédociste de web.
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