T'es pas cap(ucins) !
le radeau de la sardine et son accompagnement de cadres 2007 photographie stan mathews
Dimanche vers huit heures, on a marché sur les Capucins. Nous nous étions couchés.. comment dire ! pas longtemps avant. Il flottait dans l'air un petit parfum de: je ne vais pas tarder à tomber dans les pommes... une fatigue transparente et souple comme un crochet de Tyson.. Nous sommes passés prendre le matériel.. les Capucins étaient en alerte et Kirten Lecoq dansait déjà sur l'asphalte. Le petit matin blême avait décampé, laissant place sous la serre à une chaleur estivale de bonne augure. Sur le drap blanc, j'ai posé mon radeau de la sardine et son accompagnement de cadres récents en série limitée & original d'encadrement sous marie-louise plastifiée maison.. une invitation pour la signature de mon livre, ce jeudi (28) librairie olympique (rappel).. et j'ai filé prendre quelques nouvelles des copains, des ami(e)s.. Chantal Russell fait de beaux tableaux: grands, spacieux, sombres, impressionnants dans la pâleur à contre-jour du marché.. une petite installation champêtre: amour et chocolat, au pied d'une de ses grands paysages.. pour moi le coup de coeur de cette exposition.. A exprimer: meurtre en robe à pois dans un jardin anglais avec un beau sourire en prime... Thibault Franc a découpé des rondelles de tableaux en forme de steak à emporter et Isidore coiffé par un Viking avait opté pour un stand de pâtisseries maison, au pur beurre Krapo: macarons, chocolats, sucettes et carte de téléphone, confitures de l'esprit et autres délices pour l'oeil.. à surtout ne pas mettre au réfrigérateur pour une petite faim nocturne.. Jean-Claude Delannoy a changé le tapis de sol et confectionné un parterre bigarré de toiles colorées pour faire scintiller les mirettes, plus loin la splendide parure de Régine Azéma; collier d'os peints et reliquaire pour "belle vache", déjà aperçue lors d'une exposition précédente de l'artiste prenait ici toute sa signification dans l'antre du boeuf et à même le sol.. l'ogresse elle, venait juste de s'évanouir.. Richard Biardeau avait porté des nus, de petites peintures sur toile et j'aurai plutôt aimé voir ici un immense tirage d'une de ces splendides photographies.. là dans cette lumière sous la nef.. quitte à faire un peu scandale.. Francis Viguera toujours d'humeur égale est venu avec la complète, passant du conceptuel au boui-boui et l'on pouvait admirer; du taureau, du cageot, du retable, de la boîte, de la lettre et même du Chicou: horribles petites scènes de vie quotidienne et légendaire décalées, aux teintes criardes pour ravir les murs des chambres d'enfants et d'autres artistes aussi Astegianno, Lofti, Baçi, Jeanneney, Doberset, Esteve, Faguer, Jauffret, Julhian, Papagrebou, Quillec, Ranson, Renard Bleu, Saigne, pour donner à cette édition d'Artyshow seconde du nom, un parfum des quatre saisons, un air de fête, que le nombreux et éclectique public a su prendre en compte.. car ventes.. il y a eu je pense pour chaque artiste.. échanges, informations, propositions, surprises et découvertes pour tout le monde, du collectionneur de sept ans qui part avec une sucette pop art à celui de 77 qui fait quelques photographies avec un sourire d'enfant.. un fanzine dans le fond de sa poche. Nous nous sommes encore une fois montrés, exposés, posés et nous avons assumé à notre façon ce dur exercice de se mêler aux légumes, avec les fleurs, la viande et le poisson. Nous avons fait risquer le pire et le sacré à nos égos boursouflés, à nos mines de drilles en foire, nous avons encore une fois tenté la rue, joué le peuple; son incrédulité sa stupidité comme sa générosité et sa curiosité.. loin des espaces réservés à la noble création et sans l'officialisation qui donne parfois à l'art dans la rue un petit côté pompier détestable.. nous nous sommes posés par terre pour la plupart, même si une chaise, un tréteau, une cagette pouvaient servir de socle, de trône ou de piédestal.. pour être encore un matin... des montreurs d'art... dans la digne lignée des saltimbanques..
merci à Kirten Lecoq..