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Christophe Massé Informations
17 mai 2010

Sous La Tente (Bordeaux): Claus Dieter Geissler

Sous_La_Tente_saison_2_2010

Christophe Massé

présente

Claus Dieter Geissler

le vendredi 28 Mai 2010

de 11 à 21 heures

Sous La Tente: 28 rue Bouquière 33000 Bordeaux (France)


Claus Dieter Geissler : La mémoire de précieux instants archivés révélée & la surexposition de sentiments poétiques enfouis, issus d’une chronologique désobéissance héroïque.

 Depuis ces dernières années, en côtoyant Claus Dieter Geissler, à Barcelone, à maintes reprises à Cologne chez lui dans son atelier, à Bordeaux lors de ses visites, en parlant de temps à autre dans mon anglais approximatif, en écoutant ses réponses ou ses envolées, dans son mélange germano-britannique loufoque; j’ai imaginé, puis assemblé des éléments de découvertes susceptibles d’approcher son univers, en supplément de l’affection éprouvée instinctivement pour l’homme.

J’ai fouillé comme dans une caisse, arpenté le dédale, observé de nos cultures respectives, les éléments décalqués et extrait de ce lien complexe, mes possibles et les siens. Avec, dans la différence de nos langues, et à chaque visite, cette tentative utopique, pour tenter de consolider les points d’ancrage, construire des fondations, depuis cette curiosité qui relie les hommes parfois entre eux avec ce que j’aime tant dans la rencontre ; facile ou pas, pour le meilleur et pour le pire, qui se nomme parfois: confiance.

Dans ces bribes posées à sécher sur un muret comme des peaux d’orange, en évitant de parler de lui aux autres qui le connaissent et auraient pu vraiment m’en dire, et sans vouloir non plus compléter mes recherches, chez ceux et celles de ses proches qui parlent le français, j’ai tracé au hasard et au fur et à mesure les grandes lignes du portrait, d’un personnage attachant, livré ici, presque brut.

I’m lost in the supermarket the clash

C’est avant toute chose, la corrélation entre le travail de photographie qu’il pratique comme sa position en tant qu’artiste vis-à-vis du système qui m’amena progressivement à considérer le personnage sous un angle éclairé. Sa rébellion, son héroïsme en adéquation avec son ton sarcastique et moqueur. Et cette possibilité d’avoir en face de moi un être fédérateur, protecteur et cultivé. Un passeur doublé d’un créateur

Celui qui se sent proche des clochards de luxe et des rêveurs aux frontières du doute est un artiste. Certainement un vrai. Un authentique ; de ceux qui sont proches du questionnement perpétuel…et ne concèdent pas grand-chose. Ceux qui enfoncent le clou et se posent la question d’être avant tout créateur et n’existent que pour ce métier… en faisant le geste nonchalant  – balançant sa main en arrière - du type qui mourra lorsqu’il n’aura plus d’argent.. Ce n’est pas important cet argent, après lequel tout le Monde ou presque court, sans cesse, langue pendante glissant entre les babines. Créer est devant. Avant tout.

Que sont ses images ? D’où viennent-elles ?

Il me donne le sentiment de les fabriquer à partir d’une mémoire invisible. Peut-être un jour, constituée en observant le père travailler. Des images composées au milieu des hommes, et curieusement, qui ne révéleront aucune présence humaine physique. Pas d’individus. Un travail que l’on ne peut qualifier non plus de nature morte. Les  parcelles de tout un univers poétique archivé. Celui fait avec du remplissage manufacturé par l’humain ; de l’ustensile à ses débordements. Détritus, ignorances, rejets, calamités. Nous verrons peu de couleur de la gamme identifiable. Rien d’habituel à nos yeux contemporains ne viendra non plus pénétrer son travail. Le noir est gris, l’argent est brun, parfois presque de sienne ou soufre. Ces images sont biffées, saturées. Il va les mettre en scène selon un rituel poétique. Des images mentales parfois crayonnées, mises en croquis, pensées sorties d’obsessionnelles séances lancinantes ; comme l’animal qui va boire en donnant l’impression de se mirer dans la flaque inerte. Claus Dieter Geissler déguste un café au lait, assis dans une chaise longue à la toile éculée, poussant de légers grognements de plaisir. C’est un être posé, là, aux frontières : un café, un verre de vin, un œuf, le soleil dans la figure. Attendre et récolter des morceaux de verres, de fer, de bois, des algues, des plantes, des racines, des écorces, des matériaux spécifiques à l’élaboration de séries de travaux dans un agencement bercé lui aussi par une belle connaissance de l’histoire de l’art, là où l’ombre, le clair, l’obscur, le dévoilé et le caché, la trace, le grain, la peau vont être soulevés et pesés tour à tour pour réinterpréter leurs formes, pour les transcrire dans la mémoire du temps et du souvenir, neuf. Ceux d’une plage, d’une grève, d’un bosquet, d’une friche. No man’s land chers aux artistes des années no future ; animaux écrasés sur le macadam, traces d’usures sur les planchers d’un club mythique new-yorkais, Claus Dieter Geissler traduit dans le fondu de ses compositions la nature des choses déliquescentes. De la même façon dans son registre des croyances en nos structures et nos pouvoirs, l’effritement constaté est qu’il transforme, pour le métamorphoser en peaux de doutes ; incertitudes réelles flirtant avec de belles & anciennes utopies et une autre croyance en l’individu artiste. Grandes surfaces immaculées protégées du regard par une surexposition douloureuse qui écrase les blancs comme l’albumine de l’œuf file au mimosa. Carafes, pichets, pots ne sont pas les sujets mais les intermédiaires de la rêverie, à l’instar du peintre qui s’enorgueillit de reproduire sans copier, il réinvestit, voir réincarne le caractère des objets pour le réintégrer dans une vie à définir. Empilements et strates d’un temps sec et morbide ; os, pierres, fleurs, racines, bois flottés, terres, poudres, ferrailles, fils, bête morte retrouveront l’aspect de leur asservissement d’un temps pour s’ennoblir d’un camouflage et disparaître à jamais dans ses compositions sublimes. Bordeaux, le 10 mai 2010 Christophe Massé.

Claus Dieter Geissler travaille et réside à Cologne (Allemagne). Il expose régulièrement depuis les années 80’ dans le Monde et travaille parfois en collaboration avec des danseurs et musiciens pour des performances. Au Kunsthaus Rhenania à Cologne, il occupe son atelier et propose un programme personnel d’expositions d’artistes allemands et étrangers dans le studio 003 qu’il anime. Il est depuis une dizaine d’années organisateur d’un grand nombre de visites d’artistes pour des expositions comme le programme Orte réalisé en 2009/2010.

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Commentaires
H
Le corps humain (dans une moindre mesure que les véhicules) dégage un rayonnement de chaleur, lié à sa température, visible par thermographie. L'objet chaud apparaît de façon claire, ce qui le détache du fond plus sombre. Une méthode pour réduire cette signature thermique est de rendre l’art plus proche de l'environnement en augmentant la surface d'échange. L'utilisation d'un poncho permet la diffusion de la chaleur et casse la forme humaine. Des techniques plus efficaces sont aussi employées.<br /> hedo maquis
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