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Christophe Massé Informations
29 août 2007

Perpignan: Au centre de la terre

sud_054 J'adore flâner dans ma ville de naissance. Une fois de temps en temps, c'est retrouver son instinct, jouer avec les petits yeux malins qui te pourchassent à la dérobée. Se retourner brusquement, apercevoir un type hilare une bière à la main, les lunettes de soleil remontées sur le front, pisser au milieu du trottoir. Plus loin, deux nanas en sanglots se tenant par les bras, en sang, prises dans une ronde folle, hurlant tout en essayant d'écraser leurs bouts de pieds, de se gifler, tout en se demandant pardon. C'est montrer au marchand du doigt une mauvaise pastèque et partir avec un bon melon espagnol; espérer des calamars et retrouver des seiches dans son sac, aller voir des expositions qui n'ouvrent pas le lundi, ni le jeudi, mais le vendredi de 9 à 11 et le week-end: l'après-midi seulement. Se faufiler dans les rues en travaux, des ouvriers sur des échafaudages et des trucs qui tombent au milieu de la rue. Un gars qui te demande de faire demi-tour en évoquant une ligne électrique qui touche par terre et plus loin un autre qui hurle que c'est la conduite de gaz qui est percée.. Et puis plus rien entre midi et le soir, le silence de l'été.. la béatitude dans la torpeur. J'ai dormi plus qu'il ne fallait.. des heures.. comme pour ne pas affronter cette bestialité tout de suite.. le temps pour moi de réapparaître dans la peau du latin, d'aller en fin de journée dans les vagues chaudes et bouillonnantes, coiffées d'une belle écume salée, portée en mèches angélique par un vent frais.. se glisser là dans ce tumulte marin et laver mes plaies, comme vingt cinq ans auparavant quand rien n'atteignait le coeur.. excepté le sourire tendre de la femme de mon centre du monde et les petits ennuis du quotidien.

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