la paix du mendiant de la nuit
Plusieurs nuits que je rentre entre trois heures et l'aube. Je suis seul. Dans cette cuisine où Mélanie Gribinski m'a photographié, je mange un morceau de pain avec une feuille de salade et un morceau de fromage. Mon chien n'est plus là avec ses yeux de frangin pour me dire: Qu'est ce que tu fais ? J'allume machinalement la radio et la voix de son maître qui débite habituellement des tombereaux d'abjections; à ma grande surprise propose des chants de Corée, des mélodies du Japon, des chorales Russe. Chaque fois depuis quelques nuits, j'ai le sentiment d'être ailleurs dans le meilleur et le pire des Mondes. La paix ? Je ne crois pas. Le sentiment d'avoir toujours aimé ne pas comprendre ce que j'étais en train de vivre et d'aimer toujours ces surprises et ce décalage que le pouvoir enlève aux hommes du commun. Et demeure la réalité d'aimer encore plus et toujours.