Aurélie Diard: Un journal (8)
L'enfant du parc, le 7 Octobre, Bucarest, Aurélie Diard (dr).
Coup de blues à Bucarest,
Prise de conscience soudaine que je vis à des kilomètres de mes amis, de ma famille, de lui. Ce matin, ils semblent tous avoir senti que ma gorge commençait à trop me serrer. Des voix, des mots gentils, des rires, une image, une autre. Et puis, au bout du compte, pas grand-chose. Mais qui fait beaucoup pour moi, assise sur le sol de ma chambre. On doit se contenter des rapports électroniques et qui font mal à la tête. Quelque chose manque: toucher. Je les trouve tous très beaux sur cet écran, comme s’ils avaient pris le temps de se préparer. Un petit peu plus que d’habitude, avec un peu plus d‘attention. Leurs rires me font beaucoup de bien. Ça m’envahit. Je craque au moindre mot un peu plus tendre que d’habitude. Prise de conscience collective. On réapprend à se dire des choses essentielles. Je ressens un manque. Un vrai manque qui me bouffe l’estomac. Je n’ai pas faim. Les larmes prennent trop de place. Mais elles ne dépasseront pas mon esprit. Je pleure. Un peu, très vite. Le temps de penser à ce que je pourrais faire en ce moment, en France, avec ces mêmes personnes. Mais je n’y suis pas.
Je n’arrive pas à dire « au revoir ». Je ne sais pas vraiment quand est-ce que le hasard fera que les connections seront synchronisées. C’est toujours une surprise. C’est surement meilleur?