Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Christophe Massé Informations
19 juin 2022

Autoportrait avec Hubert Lucot

IMG_3826 (2)

Autoportrait avec Hubert Lucot
Quand je m'appuie au rebord de la fenêtre juste pour quelques instants et laisse défiler d'imaginaires pensées recoupées par autant d'images réelles d'un temps absorbé, il m'arrive qu'elles soient composées pour la plupart du souvenir de certain(e)s. Un grand monsieur dont je relis parfois notre correspondance épistolaire composée de centaines de lettres vient à me manquer et peuple ce qui pourrait être de la nostalgie mais au centre de mon monde n'est qu'une source de bonheur apaisant. J'ai bien entendu ces derniers jours lu comme tous les amateurs de la prose de Monsieur Lucot, son dernier livre " à mon tour (2022)", écrit dans le sillage des trois derniers, qui de "je vais je vis (2013)" à "la conscience (2016)" en passant par "sonatine de deuil (2015)" vient achever le cycle du cancer et de la mort et paraît donc comme les autres chez POL, cinq ans après la disparition de l'auteur. En filigrane je retrouve avec émotion les étapes de certaines mots qu'il me transmettait, jusqu'à sa dernière lettre ou solennellement il m'avertit de son écriture, que j'appris dans le temps à déchiffrer, que c'était la dernière. En fan incontrôlable de l'oeuvre complète et totale, je ne peux forcément faire part d'objectivité, ni proposer de critiques. Demeurer silencieux, replonger dans nos petits livres échanges, lettres collages boursouflées d'anecdotes et de slogans, la distance entre son existence et le rendu des choses, la part de franchise et de détachement. Son doux orgueil et sa légèreté avec le ChristM. Me replonger dans l'oeuvre entière, de "Crin" à nos jours, immense écrivain dans son archéologie du sensible et de l'observé, oeuvre du siècle dernier et du nouveau, aboutie, de l'hermétisme au liant. Je n'étais pas un proche, j'étais ce que nous avions ordonné patiemment et si régulièrement depuis une quinzaine d'années, comme le chant du merle à des heures précises du jour, la catapulte. Nous partagions de la plume et du dessin, du collage et de la raideur, parfois de la franchise du ton, toute une sorte de compositions qui doit s'appeler rencontre, quand la mort rôde, puis s'installe, quand les aimés disparaissent et d'autres encore, puis le souvenir des lieux qui fuit, jusqu'à son propre tour.
Photographie : correspondance Hubert Lucot/Christophe Massé - La Pinacothèque de Bordeaux détail d'une planche 2010 (dr at/cm)
Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité